Accueil

Yves Le Cloerec F9XL

Le texte ci-dessous a été écrit par Loïc Vannier HB9EID lors de sa visite du Musée de Saint-Aignan (Morbihan) où se trouve l'ancienne station de F9XL. Il s'agit d'un texte explicatif destiné au grand public, inspiré de la biographie de F9XL.

 

Cet été, je suis retourné en Bretagne. En visitant le Musée de l’Electricité de Guerledan (https://www.musee-electricite-guerledan.com/), j’y ai découvert une station radio amateur, confié au musée par un ami de son auteur : Yves le Cloerec , F9XL (SK). Cet appareil était accompagné d’un descriptif par son auteur. Le texte ci dessous est la version que j’ai réécrite pour le musée , version qui, je l’espère, sera un peu plus "grand-public-compatible". Découvrons donc l’histoire de cette réalisation incroyable, et de son auteur.

 

Yves Le Cloerec avec un matériel moderne (Courtoisie de André Chable F3SG)

 

«C’est le 16 mars 1949 que me fut délivré le certificat d’opérateur N° 2765, radiotélégraphie et radiotéléphonie, suivi le 23 mars 1949 de l’arrivée de ma licence m’attribuant l'indicatif F9XL. Je venais juste d’avoir 19 ans à trois jours près, c’était un beau cadeau d’anniversaire. » C’est donc après avoir appris la télégraphie dans le cadre de sa préparation militaire, que Yves devient Radio amateur. Il a désormais le droit d’émettre sur les ondes. Sa première station se compose alors d’un récepteur couplé à un émetteur, chacun de construction personnelle, pour une puissance de 15W. Il a réalisé cet équipement dans des conditions très précaire : Yves habitait alors avec ses parents, dans une baraque en bois de l’après guerre, au milieu d’une ville de Lorient en ruine.


« En mai 1950, appelé pour mon service militaire, j’arrêtai là, provisoirement, mon activité radio-amateur et partit pour le Maroc, affecté au 31° Régiment du Génie à Port-Lyautey, aujourd’hui Kénitra. Après 17 mois de service militaire et 18 mois d’activité civile à Casablanca comme radio-dépanneur, je rentrais en France et retrouvais Lorient, ma famille, ma station et…celle qui allait devenir mon épouse. » Ce séjour lui a permis de rencontrer d’autres radio amateurs marocains. Voyant le succès de ses amis, Yves se décide de construire une station digne de ce nom : un récepteur à double changement de fréquence, une réalisation très ambitieuse ! Il faut noter l’audace expérimentale de cette démarche : à l’époque, Yves n’est âgé que d’une petite vingtaine d’années, et les informations sur ce type de réalisation sont rares (il n’y a pas d’internet, doit on le rappeler ?). Il faut consulter de nombreux livres… et tester. C’est pour cela que l’appareil a été construit d’une manière modulaire, avec des éléments interchangeables sur un châssis de cornières soudées. Le changement de bandes du récepteur se faisait par des petits tiroirs amovibles, une solution simple et efficace qui évitait un câblage compliqué. Comble du raffinement : ces petits tiroirs sont d’ailleurs rangés dans un fort joli meuble conçu à cet effet. Ce que Yves ne raconte pas, c’est la réaction de son épouse, Armelle, qui a du partager la table de la cuisine avec cet énorme appareil pendant sa mise au point, selon la confidence de André Chable (F3SG), son ami. En 1956, la réalisation est considérée comme opérationnelle.

 


La station complète

 

Yves enchaîne alors sur la partie émetteur. La réalisation est plus simple, puisqu’il n’y a pas de changement de fréquence. Il utilise un générateur de signal de référence, réglable, dont on multiplie la fréquence avec des circuits dédiés. On peut l’utiliser tel quel pour émettre en morse (on dit « CW », pour continuous wave), ou avec un circuit modulateur audio, pour émettre la voix (on dit « AM » pour amplitude modulation). L’ensemble peut donner 50W dans l’antenne.

 

Est ce un talent incroyable, une habileté hors norme ou un grain de folie qui motive Yves le Cloarec ? Toujours est il qu’il se lance dans la construction d’un analyseur de spectre. La réalisation d’un tel appareil est un raffinement extraordinaire dans le contexte de l’époque. Rares sont les stations radio amateur disposant d’un tel accessoire, chimère étrange issu de l’accouplement entre un récepteur radio et un oscilloscope.

 

«En 1960, pour des raisons professionnelles, je quitte Lorient pour Quimperlé et je réinstalle la station dans une cabane située dans le jardin qui m’est attribué, au pied d’un château d’eau d’une quinzaine de mètres de haut que j’utilise comme support pour mes antennes ». il était temps puisque, de son propre aveu, la station était installée jusque la, faute de place, dans la chambre, à la tête du lit ! Le lecteur de ces lignes ne manquera pas de s’interroger sur les réactions de l’épouse, qui, outre la table de la cuisine, doit également partager son intimité avec cette étrange installation.

 

A la fin des années 60, on voit apparaître des procédés de transmission radio beaucoup plus efficaces, mais qui exigent une électronique hors de portée de l’amateur. En outre, l’arrivée de constructeurs japonais démocratise considérablement ces nouveaux équipements. En 1972, Yves décide d’acheter un matériel moderne, issu directement du commerce. C’est alors que la station radio de la jeunesse prend la direction du grenier. En 1993, il prend sa retraite.

 

Yves le Cloerec n’est plus de ce monde. C’est son ami, André Chable (F3SG), qui s’est interrogé sur la conservation de cet étonnant patrimoine. Il a donc confié cet appareil aux bons soins de l’électrothèque de Guerlédan, qui vous le présente aujourd’hui sous vos yeux, que l’on espère ébloui !

 

Texte d’après les souvenirs de Yves le Cloerec (F9XL), avec l’aide de André Chable (F3SG ).

Rédigé par Loïc Vannier (HB9EID).

 

 

Complément de Philippe F6ETI

 

Lorsque j'étais dans le Morbihan, j'ai bien connu F9XL, et son inséparable compère F3SG, ils se vouvoyaient.
Ils participaient toujours aux activités organisées par le REF56 et F6KPQ dont j'étais responsable.


Ce que ne dit pas Loïc, c'est qu'ils étaient grands chasseurs de DXCC devant l'Éternel, au plus haut du classement DXCC. Et cela, à force de chasser et d'écouter, le bouton du VFO et les oreilles, le manip et le micro, pas d'Internet pour faire tomber tout ça du ciel.


Radioamateur s'écrit en un seul mot, ç'est un mot du dictionnaire...
 


 F3SG et F9XL

 

 

Retrouvée en faisant du rangement

 

Par Armelle et Jo, via F3SG